la-patisserie

lea2Occuper les enfants implique une grande imagination et souvent retomber nous-mêmes dans ce monde où tout n’est qu’amusement, rêverie et douceur, mais pas seulement… Au cours d’un après-midi comme tous les autres, après avoir lu des histoires, dessiné des princesses pour Jeanne et des super-héros pour Martin, confectionné des colliers de perles, fabriqué des couronnes, joué à chat, au coiffeur et au médecin, arrive le moment du goûter.

Le goûter c’est un peu la trêve. Les enfants arrêtent de courir partout et de sauter du canapé à la chaise de jardin… Nous pouvons enfin souffler en les regardant béatement dévorer leur BN et siroter leur jus de pomme. En théorie.

Au 11 rue Muller, l’histoire ne se déroule pas ainsi. Lorsque l’estomac des mouflets commence à gargouiller, ils me lancent un regard de chien battu et, à l’unisson, geignent :“On fait des gâteaux? Allez Léa!!! Dis ouiiiiii!”. Si par misère je leur explique que nous n’avons pas le temps, qu’il faut prendre le bain, préparer le dîner, commencer le repassage ou tout simplement ranger ce monceau de jouets qui jonchent le sol du salon, s’en suit une crise de pleurs, de hurlements, de caprices en somme. Mais après avoir donné toute mon énergie dans les activités précédentes, après avoir désamorcé bon nombre de chicanes, non, je n’ai plus la force d’affronter ce drame et, vaincue, il ne me reste plus qu’à soupirer en enfilant mon tablier.

Tout excités, ils remontent leurs manches, traînent des chaises jusqu’au plan de travail, ferraillent pour avoir la meilleure place et s’aperçoivent qu’ils ne se sont pas penchés sur le choix de l’entremets, choix crucial: “On fait des crêpes!”- “Non!! Des macarons!” Euh faut pas pousser Maurice… -“ Alors un gâteau avec du chocolat, des bonbons, des fraises, de la pâte à sucre et… et…” Bon Jeanne, va falloir rester réaliste, hein!

Je saisis la bible de la pâtisserie en leur expliquant qu’il faut opter pour quelque chose de simple, que Top Chef ce n’est pas pour aujourd’hui et qu’au moindre emportement, au premier courroux nous arrêtons illico presto l’entreprise. “Oui Léa, d’accord, tu peux nous faire confiance!” Au son de cette si jolie petite voix, je fonds. C’est parti les Bocuse!

patisserie-enfant“Et si on faisait ça?” Sans embarras elle pointe son minuscule doigt sur une fabuleuse pièce montée de choux à la crème pistache-vanille. Comment dire… Aucune issue, aucune alternative, coup d’état, c’est Léa qui va choisir! Ça sera le bon vieux gâteau au chocolat des familles! Je rappelle une dernière fois le “chacun son tour” fondamental avant de déballer tout l’attirail. Tout se passe convenablement, jusqu’à la tragédie: “Elle a mis plus de farine que moooooooiiiii!!”

La boucherie commence. Une châtaigne à la farine d’un côté, une chiquenaude au chocolat de l’autre. Les marmots sont recouverts de nourriture, leurs cheveux sont tous collés par le sucre et je pense déjà à la crise à laquelle j’aurai droit lorsque je leur annoncerai que ce soir on se lave la tête! J’enraye la machine infernale en annonçant qu’il faut maintenant ajouter les oeufs. Un chacun. Evidemment, la moitié de la coquille se retrouve dans l’appareil. “T’as vu Léa? Je suis la reine des oeufs!”

Sans parler du cyclopéen morceau de beurre que Martin enfourne dans son goulot, des murs badigeonnés de chocolat fondu, du sol recouvert de farine et de la montagne de vaisselle empilée dans l’évier, nous touchons au but. Nous versons la pâte dans le moule et enfournons la bête avant de lécher allègrement le bol, tous les trois. J’ai survécu au carnage. Assis devant le four, un galopin sur chaque cuisse nous regardons le gâteau cuire en imaginant le goût qu’il aura.

Finalement, plus qu’un gâteau, nous avons fabriqué un joli souvenir. >clickez pour plus de Léa

Léa, mai 2015

25691056_m