Virginie Hours – mai 2021

Avec le confinement et la fermeture des salles de cinéma, le nombre des films en attente d’être projetés sur grand écran dépasse les 400 cette année.
Pour le mois de mai, Bythelake vous propose une sélection non exhaustive mais éclectique : des documentaires (Aalto, Réveil sur mars), une comédie (El robo del siglo), un thriller (I care a lot), un film sur la création (Les enfants d’Isadora) et un mélodrame (Rouge).

« Aalto » de Virpi Suutar
Avec Alvar Aalto, Aino Aalto et Elissa Aalto
Date de sortie Suisse romande : 5 mai 2021
« Aalto », une vision avant-gardiste de l’espace
« L’architecture est un travail créatif » déclare un des intervenants. C’est ce que nous prouve ce documentaire sur la figure emblématique de l’architecte finlandais Alvar Aalto et de ses épouses Aino et Elissa, (qu’il considèrera toujours comme ses partenaires). Ils vont révolutionner l’architecture et le design européen en s’inspirant librement de ce qui fonde l’esprit finnois : la recherche de la lumière et le contact avec la nature.
« Aalto » est une très grande réussite avec de nombreuses images d’archive soutenues par une bande-son magnifique

«El robo del siglo » d’Ariel Winograd
Avec Diego Peretti, Luis Luque, Pablo Rago, Rafael Ferro
Date de sortie Suisse romande : 5 mai 2021
« El robo del siglo », le hold-up du siècle à la sauce tango
Le 13 janvier 2006, six voleurs braquen une banque de Buenos Aires et s’emparent d’environ 20 millions de dollars en lingots, bijoux et billets. Les journaux vont appeler ce coup le « hold-up du siècle ». Le cinéma argentin se porte bien !
Après « La odisea de los giles », voici une nouvelle comédie menée par un Guillermo Francella en pleine forme. Sur un air d’ «Ocean’s eleven », nous suivons les préparatifs et les états d’âme de ce groupe de néophytes qui décident de secouer le destin et de braver la police avec brio et amour…. Le ton est léger, sans prétention, avec une scène de négociation particulièrement réussie. Le plus grand succès cinématographique en Argentine de 2020.

« Les enfants d’Isadora », de Damien Manivel
Avec Agathe Bonitzer, Manon Carpentier, Marika Rizzi, Elsa Wolliaston
Sortie en Suisse romande : 5 mai 2021
« Les enfants d’Isadora », à la recherche du geste juste
En 1913, la danseuse américaine Isadora Duncan perd ses deux jeunes enfants dans un accident de voiture. Désespérée, elle va chercher la consolation dans la danse et créer un ballet qu’elle intitule « Mother ». Presqu’un siècle plus tard, une jeune danseuse découvre cette histoire…
Le réalisateur Damien Manivel nous propose à travers trois tableaux une réflexion sur la création et les sentiments qu’elle provoque. « Je garde de la danse la passion du mouvement, le goût du détail et une émotion très particulière qui ne se laisse pas enfermer par le sens, comme une note tenue, profonde… que j’essaye de retrouver dans chacun de mes films » explique le réalisateur Damien Manivel, lui-même ancien danseur. Entre film et documentaire « les enfants d’Isadora », qui a reçu très justement le prix de la mise en en scène au Locarno festival 2019 est un film poétique, parfois contemplatif.

« I care a lot » de J. Blakeson
Avec Rosamund Pike, Peter Dinklage, Eiza González, Dianne West
Sortie en Suisse romande : 12 mai 2021
« I care a lot », attention aux personnes trop gentilles
Dans la vie, il y a les prédateurs et les proies, ceux qui prennent et ceux à qui on prend. Marla Grayson (impeccable Rosamund Pike, Golden Globe de la meilleure actrice 2020 pour ce rôle) fait clairement partie des premiers. Tutrice professionnelle, elle est nommée par les tribunaux pour s’occuper de personnes âgées, surtout si elles sont riches et sans enfant… Elle détourne alors leurs biens en toute légalité. Mais en s’attaquant à Jennifer Peterson (Dianne Wiest) qui a tout l’air de la proie idéale, elle et sa collaboratrice Fran (Eiza González) vont rencontrer de grosses difficultés… Seulement, Maria Grayson, derrière son sourire ultra bright et sa coupe impeccable, n’a peur de rien et nous entraîne dans un jeu de prédateurs sans règles ni lois.
Malgré quelques invraisemblances, une comédie noire et grinçante très réussie.

« Rouge » de Farid Bentoumi
Avec Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette, Olivier Gourmet.
Sortie en Suisse romande : 21 mai 2021
« Rouge », un sujet pas si simple (SORTIE REPORTEE)
Suite à une erreur professionnelle, Nour (très convaincante Zita Hanrot) quitte son travail à l’hôpital pour être engagée comme infirmière dans l’usine chimique où travaille son père. Celui-ci (Sami Bouajila tout en retenu) est délégué syndical et figure morale de l’entreprise. Mais peu à peu, elle comprend que sa présence sert uniquement de faire-valoir et elle va enquêter sur les rejets de l’usine et leur impact sur l’environnement et la santé des employés.
Après le très attachant « Good luck Algeria », Farid Bentounmi nous emmène de nouveau en Isère avec son film « Rouge ». Si le thème peut paraître banal, dans la lignée d’autres réalisations comme « Erin Brockovich », Farid Bentoumi sait déjouer les écueils en refusant tout manichéisme. A travers l’affrontement entre le père et la fille, il nous montre combien la notion d’intérêt commun n’est pas si facile à déterminer.
Un film salutaire.

« Réveil sur mars » de Dea Gjinovci
Sortie en Suisse romande : 26 mai 2021
« Réveil sur mars », l’espoir c’est tout
A Horndal, village au centre de la Suède, vit la famille de Furkan. Venus de Kosovo, ils ont déposé une demande d’asile qui leur a été refusée. Les deux filles aînées, Ibadeta et Djeneta, sont alors tombées dans un coma profond.
« Quand les enfants ont été traumatisés dans leur pays d’origine, l’arrivée dans un pays d’accueil est un grand moment de sécurité pour eux, ils se sentent mieux. Mais quand ils se voient refusés d’y rester, tous les traumatismes d’origine reviennent », explique Dea Gjinovci, la réalisatrice genevoise, elle-même originaire d’Albanie. C’est alors que certains vont adopter une attitude de défense qui ressemble à celle de l’opossum : ils sombrent dans un coma profond qui se nomme le « syndrome de résignation » Ce documentaire, déjà diffusé en 2020 au festival Visions du réel, n’est ni moralisant, ni triste. Dea Gjinovic questionne simplement notre rapport à l’exil et à nos ressources intérieures.























































































































